Inadapté…
… Confiant cependant…
Je hais ce siècle ou éthiquement, j’erre de plus en plus tristement et douloureusement, dans un espace et des systèmes dont les codes sont peu à peu devenus ténébreux ou antagoniques à mes appris !
On ne m’a enseigné… ni l’impolitesse, ni le mensonge, ni la malveillance, ni l’incivilité, ni la fainéantise, ni la haine, ni l’insoumission, ni la discrimination, ni l’irrespect, ni l’indélicatesse, ni l’escroquerie, ni le désordre, ni la violence, ni la xénophobie, ni aucun de ces mots monstrueux se terminant par « …cide », ni l’obscurantisme, ni la barbarie, ni l’inhumanité… ni le moche… devenus à mes yeux, un système de contrevaleurs de plus en plus fréquemment observable dans nos métropoles, nos villes, nos banlieues… et même nos campagnes !
Tous ces comportements violents, ces débordements, ces déviations, ces postures anarchistes… qu’il a été désormais communément admis dans le discours public « politiquement correct », de baptiser « ensauvagement », d’une partie croissante et agissante de nos concitoyens, non nécessairement tous issus de l’immigration d’ailleurs (voire les participants au mouvement dit « des gilets jaunes » et autres « black-blocs »…), ne sont évidemment, pas nés par hasard, ex nihilo…
Face à la douloureuse et amère réalité de l’instant, comment décemment, ne pas ressentir une forme de culpabilité…
En recherchant et en favorisant le marchand, le confort, le commode, le convenable et le rassurant entre-soi ; par naïveté, angélisme, indifférence, inintérêt, cupidité, faiblesse, indulgence, complaisance, égocentrisme, détournement de tête, certitudes, voire le plus souvent… justifications érigées en vérités ; individuellement, collectivement et au comble de tout, avec la bonne conscience de convenables braves gens irréprochables, notre génération d’après-guerre a silencieusement accepté, toléré, favorisé, installé, l’inégalité sociale, l’inintégration, la ségrégation, le rejet de l’autre… de sa différence, de son identité… de son existence…
D’évidence, quasi-unanimement, nous avons cruellement manqué de lucidité, de réflexion, d’anticipation, d’altruisme, de considération… dit autrement, d’approche globale, d’intelligence humaniste… mais surtout d’exigence, tant vis-à-vis de nous-mêmes, que vis-à-vis de la classe politique, toutes orientations idéologiques confondues !
Tard assurément, mais les factures finissent toujours par s’établir et le trait se tirer, nous en payons à présent tout le prix, en mesurons douloureusement les risques, en redoutons fébrilement la propagation et l’aggravation, démunis, sidérés, incapables que nous sommes en l’instant, de gérer et de circonscrire l’incendie pour l’éteindre !
Faut-il pour autant considérer et assurer, à qui est toujours prêt à l’entendre et le croire, que cette état de désobéissance civile prospérant, limite insurrectionnel, vis-à-vis de toute forme d’autorité (pouvoir – gendarmerie – police – pompier…) est irrémédiablement installé pour l’éternité, compromettant définitivement notre sécurité, notre tranquillité, la paix sociale, nos valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité, nos convictions, nos croyances… voire, plus largement, les codes de notre civilisation occidentale… ?
Je n’en crois rien !
A bien l’étudier, au long de tant de siècles, notre société a toujours évolué selon des cycles successifs « progressisme / conservatisme », sortes de « hoquets » de l’histoire plus ou moins réguliers, plus ou moins longs et sévères, notamment lorsque de profonds changements endogènes ou exogènes se sont profilés, tels qu’aujourd’hui : le fiasco des idéologies marxistes et capitalistes, l’augmentation des flux migratoires sud-nord, la raréfaction des matières premières naturelles et des ressources en énergies fossiles, le réchauffement climatique, la disparition des clivage politiques établis, le déclin du syndicalisme classique, la substitution des religions, les intégrismes politico-religieux ou politico-laïcs, l’inadaptation à la mondialisation des modèles économico-sociaux classiques, le rétablissement de l’égalité catégorielle et la suppression des privilèges exorbitants du droit commun, la submergence des nouvelles technologies d’information et de communication…
Force est de constater, comme l’a écrit Mathilde LARRÈRE (Maîtresse de conférence en histoire contemporaine, spécialiste de la citoyenneté, des révolutions et du maintien de l’ordre), que l’histoire de notre pays s’est au fil du temps, construite sur des violences populaires.
Elles traduisent d’inévitables, d’indispensables, voire souhaitables « spasmes » dans une démocratie !
Du soulèvement de Vercingétorix (52), à nos jours… en passant par la « Grande Jacquerie » (1358), les « Croquants » du sud-ouest de la France (1637), l’insurrection des « Nu-Pieds » Normands (1639), les « Bonnets Rouges » de Bretagne (1675), la Révolution Française (1789), la révolte des « Chouans » Vendéens (1793), l’insurrection sanglante de la « Commune de Paris » (1871), le mouvement de grève de mai-juin 1936 et l’avènement du Front Populaire, les affrontements « Poujadistes » des petits commerçants contre les C.R.S (1958), le soulèvement « étudiants-ouvriers » (mai 68) et très récemment, le mouvement dit des « Gilets Jaunes »… en dépit ou grâce à ces poussées « d’humeur », notre société a fort heureusement évolué, avancé, progressé sans discontinuer.
Elle s’est transformée, réformée, modernisée, parfois métamorphosée aux forceps, le plus souvent dans la douleur, mais aussi et malheureusement dans le sang, à travers des chaos successifs aux origines presque toujours analogues : l’indigence populaire, l’augmentation des impôts, de la pauvreté, des inégalités ; la sensations d’injustice ; la privation de privilèges et/ou de libertés ; l’incompréhension, la distanciation, la disjonction de la tête et du corps social, aboutissant in fine à une rupture violente entre le pouvoir et le peuple.
Mais la pulsion irrésistible, la poussée de fièvre et la crise passées, systématiquement, le pays en convalescence redresse la tête, s’évalue, réfléchit, invente, imagine, construit, reconstruit, s’élève, comme s’il avait besoin, régulièrement, d’une sévère « claque » qui l’ébranle, pour sortir de sa zone de confort, revenir à la raison et se remettre en ligne.
Voilà pourquoi, en l’instant inadapté… je suis cependant confiant !
Même si après « les lumières » d’aucun prétendent ironiquement que quelqu’un a abaissé le commutateur, je ne suis pas de cet avis. Car pour l’avoir parcouru en tous sens pendant presque 50 ans, en avoir écouté, ausculté nombre de ses « gens », notre France est plurielle et multicolore, riche de talents divers et variés, locaux, régionaux, nationaux, pourvue de ressources manuelles, intellectuelles et culturelles incroyables qui s’expriment chaque jour, discrètement mais néanmoins efficacement, dans chacun des secteurs de notre société et de notre économie marchande et non marchande.
La France est un ressort que malencontreusement d’aucuns… inconscients, incompétents, maladroits, irresponsables ou bien encore malveillants… régulièrement compriment dans des carcans, administratifs, technocratiques, idéologiques, l’invalidant ainsi, la rendant momentanément craintive, impotente, inefficace, fataliste… perdante.
Mais quand ce ressort, fait de cet inoxydable acier « bleu-blanc-rouge » trempé au feu de ses gloires, se détend, libéré à point nommé par une intelligence providentielle, en jaillit une singulière et prodigieuse puissance, créatrice, constructrice, révélatrice, fondatrice, propre à étonner le monde et contribuer à le faire bouger !
A l’aune de l’âge de notre planète… le présent n’est que le trait d’union ténu entre hier et demain !