Lettre ouverte à Madame Barbara POMPILI
Ministre de la Transition Écologique
Madame la Ministre,
Au moment même où le pays est en proie à une crise sanitaire et économique d’une ampleur et d’une gravité inédites, où la division du peuple arrive à son paroxysme, où l’insurrection menace sourdement vis-à-vis de factieux de toutes natures, vous avez pris l’audacieuse et cynique irresponsabilité d’exterminer le Cirque, en proposant à la représentation nationale, l’adoption d’une loi visant à interdire la production d’animaux dans les spectacles, principalement ceux des établissements itinérants.
Ce projet que vous portez, électoraliste et racoleur, clairement fondé sur l’antispécisme et le véganisme, idéologies totalitaires s’il en est, propagées et financées par d’obscures officines étrangères aux desseins hégémoniques, repose comme trop fréquemment en politique, sur des contrevérités avérées, sur de l’incompétence bureaucratique, sur des analyses de technocrates irrespectueux du contradictoire, le tout alimentant sur les réseaux sociaux un procès « Dreyfusard » contre le Cirque, avec l’objectif de le décrédibiliser, pour mieux mystifier les Français.
Vous prônez les vertus d’un Cirque sans animaux !
Hors quelques productions sous le titre usurpé de « cirque », largement subventionnées par les deniers publiques, incapables qu’elles sont à se rentabiliser par une fréquentation suffisante du public, la plupart des tentatives de ce genre ont échoué, la faillite du Cirque du Soleil en est une preuve supplémentaire, s’il en fallait une récente et spectaculaire, avec sa cohorte de licenciements d’employés et d’Artistes.
Le spectacle de Cirque, Madame, c’est un tout : Acrobates, Jongleurs, Équilibristes, Clowns, Trapézistes, Dresseurs de toutes espèces d’animaux, Illusionnistes, Danseurs de corde, Funambules, Antipodistes, Icariens… Si l’on enlève une seule partie de ce tout, comme aurait pu le dire l’excellent Raymond DEVOS, il ne reste plus rien du tout… !
Ainsi, que subsisterait-il du Lido sans ses BlueBell Girls, du Moulin Rouge sans son French Cancan, d’un Orchestre symphonique sans ses pupitres de cordes, d’une Harmonie sans ses percussions, de l’Opéra sans ses soprani, ses ténors ou ses petits rats… rien, assurément rien de nature à susciter l’intérêt et l’engouement d’un public !
Mais au fond, à bien y réfléchir, si au comble de la perversion Madame, vous et vos adeptes vous y comparant, n’étiez que tout bonnement jaloux du Cirque au point de vouloir sa mort… envieux de ce spectacle magique, pur, harmonieux, enchanteur et populaire, aux illustres et scintillantes enseignes ancrées à jamais dans les mémoires collectives (AMAR – BEAUTOUR – BOUGLIONE – FANNI – FRANCKI – GRUSS – MEDRANO – ZAVATTA…) ; si vous n’étiez qu’inquiétés par son rayonnement local, national, international, par sa fréquentation (14 millions de spectateurs par an en France… excusez du peu…), par sa capacité à susciter des émotions positives, à faire rire, à rendre heureux des familles entières depuis des siècles… vous, membres anonymes et éphémères d’un personnel politique dont l’action à travers le temps et le monde n’a jamais suscité autre chose que tourment, rejet, division, douleur, chagrin, rupture, haine, violence, barbarie… au point cycliquement, de conduire volontairement ou involontairement les peuples à des affrontements meurtriers ?
Voyez-vous, Madame, contrairement aux hémicycles ou vous siégez, dans un Cirque, la piste y est circulaire ; il n’y a ni gauche, ni droite, simplement un cercle d’or enchanteur autour duquel chacun, ici, est à égalité, quelles que soient la couleur de sa peau, son origine, sa condition, ses croyances, son sexe, son âge, sa richesse, sa culture… pour y vivre un moment de partage d’exception, d’irréalité, de récréation, de générosité, d’émerveillement, d’émotion, de ravissement, de méditation, d’extravagance, de rêve, d’espoir, de paix… en deux mots…comme en cent… un vrai moment d’AMOUR et de BONHEUR !
Le Cirque, Madame, ce n’est pas l’E.N.A (Ecole Nationale de l’Arnaque), c’est l’école de l’effort, de la modestie, de l’humilité, du courage, de l’abnégation, de la prise de risque, de la sincérité, de la détermination, du désintéressement, de l’excellence.
Le Cirque, c’est un creuset intemporel de valeurs héritées et retransmises de générations en générations : l’exemplarité, le respect, la droiture, la transparence, l’honnêteté (en piste on ne triche pas), la loyauté, la solidarité intergénérationnelle (on n’y place pas ses anciens dans les Ehpads).
Le Cirque surtout, et vous aimeriez nous faire croire le contraire, c’est la permanente intelligente démonstration de la complémentarité et de la complicité entre l’Homme et l’Animal, de ce respect mutuel qui impressionne et fascine, de cette mise en valeur réciproque d’Artistes d’espèces différentes, en ce compris l’espèce humaine, associés dans des créations ou l’harmonieuse beauté l’emporte sur l’autorité et la domination.
Jamais, Madame, au cours de votre courte carrière, vous ne sèmerez autant d’étoiles scintillant dans les yeux des enfants de tous âges, que les éléphants, les fauves, les chevaux, les chimpanzés, les dromadaires, les chiens, les otaries… et leurs éducateurs en ont disséminées, sur le bord de toutes les pistes de tous les Cirques de par le monde depuis qu’ils existent.
Jamais vous ne serez affichée au murs des chambres de gosses pour que se poursuive leur rêve ; jamais vous ne connaîtrez cette sensation indicible d’avoir permis au plus grand nombre d’approcher au plus près l’extraordinaire, l’inaccessible, le divin.
Pourtant, Madame, sur la planète et à travers le pays, les vrais chantiers ne manquent pas pour assurer la transition écologique et occuper en conséquence le personnel de votre Ministère : stopper la déforestation, le braconnage sur terre comme sur mer qui éradiquent des centaines d’espèces (on en compte plus de 400 au cours de la seule dernière décennie), réduire la pollution dans les villes, les campagnes, sur les côtes, les mers et les océans, accélérer le recyclage des déchets, diminuer le gaspillage d’énergie et de biens de consommation… la liste est inépuisable…
Pourquoi donc, grand dieu, s’en prendre au Cirque ?
La réponse est simple, Madame, en entonnant ce morceau de « bravoure », pardon de couardise, tambours et trompettes en tête, à la fois, vous donnez un gage à votre électorat « écolobobo » qui va se saisir de l’os à ronger et en disperser les restes à tous vents et vous n’y risquez aucun soulèvement populaire comme ce fut le cas avec l’annonce de la taxe poids lourds (les bonnets rouges) ou de l’écotaxe sur les carburants (les gilets jaunes).
Comme votre politique est « petite » Madame la Ministre ! Comme elle est minable ! Comme je vous plains d’avoir l’âme si aride et le cœur si sec, pour ainsi vous attaquer à l’imaginaire, au merveilleux, à tous ces créateurs de rêves, déjà mis en difficulté par les crises successives qui secouent notre pays depuis des mois (gilets jaunes – grèves à répétition – covid 19…), sans chercher plus simplement les solutions correctives à de rares dérives.
Comme le dit l’adage populaire : « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ! »
Sauf votre respect, Madame la Ministre, je crains que demain, votre nom ne figure ni dans les manuels scolaires, ni aux murs du Panthéon !