MERCI MONSIEUR LE PRÉSIDENT !
Grâce à vous, « Ceux de 14 » vont entrer au Panthéon, ce temple consacré aux Grands Serviteurs de la République !
Ce n׳est que Justice enfin leur rendre !
Il en était !
Mobilisé à 20 ans et démobilisé 4 ans plus tard, sur ce même champ de bataille de VERDUN, combattant du premier au dernier jour, Jules VERHULST, mon grand-père maternel, un homme du nord, fût l’un de ces « Héros » : modestes patriotes anonymes, qui se sont battus dans des conditions inhumaines, pour défendre et conserver au profit des générations futures, chaque arpent de leur FRANCE, de notre FRANCE.
Il refusa une Légion d’Honneur, à ses yeux galvaudée, lui préférant sa médaille militaire et sa croix de guerre, acquises au combat, armes à la main, sur le terrain des opérations…
Noble, courageux, digne, irréductible comme la plupart de ses compagnons « Poilus » de tranchées, l’hommage que la nation tout entière va leur rendre, aurait eu, j’en suis presque sûr, sa faveur.
« La guerre c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas… ! » a écrit Paul VALÉRY.
La « grande » guerre… ? Comment une guerre peut-elle être « glorieuse »… ? Faut-il que des hommes soient suffisamment fous, pour conduire à l’extermination, près de 10 millions d’âmes humaines…
Ce devait être « la der des ders »… 22 ans plus tard, il pleurait, nous a-t-on dit, de voir son village occupé par l’ennemi combattu, repoussé et vaincu hier…
Je veux que mes enfants, mes petits-enfants, mes arrières petits-enfants, sachent, qui fût… et ce que fût leur illustre devancier.
Jusqu’à sa mort, emporté dès l’âge de 61 ans par des séquelles respiratoires nées de quatre années d’addiction à la nicotine dans les boyaux et d’exposition à la fumée et aux gaz du front, il ne dormit plus jamais une seule nuit complète, l’esprit naviguant entre vie et mort, hanté par des visions atroces et cauchemardesques, nous expliquait notre grand-mère, sa marraine de guerre épousée 13 mois après l’armistice…
A l’évocation du mot guerre, il se murait dans un secret silence, le front soudainement plissé, barré d’une profonde et indélébile cicatrice laissée par son casque de combattant.
Je ne sais pourquoi, je le voyais immense, valeureux, glorieux, magistral, céleste… lui, parfois si emporté et si agressif dans le verbe et l’action avec ses proches… et pourtant si doux lorsqu’il fredonnait, me tenant serré sur sa poitrine et ses genoux, « L’âme des Poètes » de TRENET, souvent interrompue par des quintes de toux, calé dans son fauteuil de bois noir revêtu d’une peau de mouton, sous la tablette ou trônait le poste de radio à lampes, pendant que mijotaient non loin de là, à feu doux, ses exceptionnelles « Tripes à la Mode de Caen » aux arômes si subtils, dont il s’était fait l’Artisan peu après ma naissance.
A 8 ans, ma première idole ma quitté… !
Je fus silencieusement déchiré par ce que je considérais alors, comme une suprême injustice… Il me semble aujourd’hui que je percevais cette sensation pour la première fois.
Pour le petit garçon que j’étais, les héros ne devaient pas… ne pouvaient pas mourir ! Hélas… !
A bien y réfléchir, je crois ne m’être jamais totalement consolé de la disparition de ce « géant » de mes rêves de gamin… ?
Je veux que ceux qui me survivront se souviennent de ce grand-père héroïque, notre grand-père… mon grand-père, modeste et valeureux soldat, surhomme malgré lui, cité à plusieurs reprises à l’ordre de son régiment…
« Patrouilleur volontaire très courageux. Dans une reconnaissance de nuit, le 21 mars 1916, s’est porté au secours d’un camarade blessé et l’a ramené sur son dos. »
« Agent de liaison très brave et très dévoué, animé du plus haut sentiment du devoir ; a sans arrêt pendant la période du 19 juillet au 2 août 1917, assuré un service des plus durs et des plus dangereux, dans une zone continuellement battue par l’artillerie ennemie. »
HONNEUR A LUI – HONNEUR A EUX !