Autopsie d’un « GénoCirque »

By 5 mai 2022 Emotions

Autopsie d’un « GénoCirque » …

« Le Cirque commence à cheval » !

C’est le titre de l’un des nombreux ouvrages sur le Cirque (paru en janvier 1979), de Paul Henwood, dit Adrian[1] (1919 – 2013), bibliothécaire de profession, chroniqueur et historien du Cirque.

On s’accorde à faire remonter les origines du Cirque au 18ème siècle (vers 1768), bien que l’on sache, qu’il y a près de 6.000 ans en Chine, existaient déjà des pratiques acrobatiques à vocation religieuse, et que l’on ait observé des jongleuses de balles sur des fresques Égyptiennes datant d’un à deux millénaires avant J.C.

Les « circus » Romains, quant à eux, étaient destinés à la présentation d’impressionnants spectacles populaires : courses de chars, combats de gladiateurs, présentations d’animaux sauvages (déjà), agrémentés assez souvent de prestations d’acrobates et de jongleurs.

Au moyen-âge sont appelés « jongleurs » les artistes de rue, quelles que soient leurs spécialités, et « ménestrels », ceux qui se produisent dans les châteaux. Le terme « jongleur », plus ou moins synonyme d’artiste, recouvre alors de nombreux métiers : musiciens, chanteurs, écrivains, poètes, acrobates, montreurs d’animaux, conteurs et autres escamoteurs…

A la renaissance, le mot « jongleur » ne désigne plus que le saltimbanque, le bateleur, plus ou moins suspecté de « diablerie ».

Vers le 17ème siècle, quelques théâtres (ex. le théâtre des funambules à Paris, le sadler’s wells à Londres…) donnent des représentations mélangeant acrobates, jongleurs et danseurs de corde.

Mais c’est en définitive dans une banlieue de Londres, qu’un militaire anglais, le lieutenant Philip Astley, fonde en 1768, ce qui sera considéré comme le premier « Cirque » : un spectacle équestre, mêlé d’acrobatie, de bouffonnerie et de pantomimes, d’où le titre du présent article : « Le Cirque commence à cheval ». Ce type d’exhibition sera repris par Antonio Franconi dans son Cirque-Olympique à Paris vers 1820.

Outre dans les ménageries foraines[2], la présentation d’animaux sauvages (lions – tigres – hyènes – panthères – pumas – ours…) s’intégra bientôt aux spectacles des Cirques, grâce notamment à l’invention de la cage circulaire par les frères et dompteurs allemands Hagenbeck, en 1880, pour les numéros de fauves.

Enrichissant et complétant le spectacle, c’est en France que sont nés au Cirque, les exercices d’acrobatie aérienne, dénommés plus couramment, trapèze volant, à l’initiative de Jules Léotard[3] qui présenta à Paris en 1859, le premier numéro « circassien » de cette discipline de voltige dite « de bâton à bâton », c’est-à-dire de trapèze à trapèze, laquelle allait évoluer par la suite, de trapèze à porteur, pour se complexifier à l’extrême, jusqu’à permettre des exploits tels que le quintuple saut périlleux partant de très haut, d’un trapèze à porteur[4].

Au 20ème siècle, le Cirque figure dans tous les dictionnaires, entre autres, celui des éditions Hachette, où il y est décrit comme une « enceinte circulaire où l’on donne en spectacle des exercices d’adresse, d’acrobatie, de domptage, des numéros de clowns ».

Tous ces numéros forment un tout, une combinaison interdépendante, indissociable, harmonieuse, fruit d’un ordonnancement et d’une alchimie émotionnelle subtile.

Le Cirque traditionnel, avec animaux issus de la faune sauvage et/ou domestiques, s’est au fil du temps, inscrit dans la culture coutumière populaire française.

Établissement itinérant, il a très largement contribué à l’animation rurale, le plus souvent seul spectacle « exotique », hétérodoxe annuel, à portée de bourse des catégories sociales les plus défavorisées (paysans, ouvriers, employés…), toujours précédé, pour leur plus grand enchantement, de campagnes préalables d’affichage exubérantes, colorées, gigantesques, tout aussi tapageuses que racoleuses, annonçant, à grands placards émaillés de superlatifs, collés sur tous les supports disponibles, même les plus improbables, autorisés ou non (murs – piliers de ponts – clôtures – vespasiennes – portes d’entrées de magasins – bâtiments désaffectés…), des installations féériques, des numéros sensationnels, des prodiges fantastiques, des exploits et/ou des attractions inédits, extraordinaires, voire surhumains.

Outre sa vocation distractive, le rôle pédagogique du Cirque n’est ni à négliger, ni à mésestimer… ni surtout à oublier !

Ses importantes ménageries, aux riches et variées collections (félins – hyènes – pachydermes – hippopotames – ongulés – reptiles – crocodiliens – otariidés – primates – perroquets – équidés…), véritables zoos itinérants, ont permis à des générations et des générations d’écolières et d’écoliers, accompagnées de leurs institutrices et de leurs instituteurs, qui trouvaient là, le support idéal, inédit, irremplaçable, de leurs leçons « de choses » et de « sciences naturelles », de découvrir la faune des cinq continents, dans un temps où la télévision n’existait pas, où les places des rares cinémas étaient réservées aux plus fortunés et où les voyages dans les pays lointains étaient encore du domaine du rêve.

Seuls quelques notables explorateurs et autres grands voyageurs intercontinentaux, contant leurs aventures lointaines agrémentées d’illustrations photographiques, les décrivaient.

L’éducation et la présentation d’animaux en piste, des plus sauvages, farouches, réputés féroces et/ou singuliers (lions – tigres – panthères – léopards – pumas – ours bruns – ours blancs – ours à collier – hyènes…), aux plus courants et familiers (chevaux – ânes – chèvres – chiens – chats – oies…), furent aussi infiniment utiles, d’un strict point de vue didactique, pour l’évolution du raisonnement humain, par la démonstration éclatante de l’instauration étrange de cette possible et intense relation affective, de cette connivence intelligente productive de bonheur, entre toutes les espèces du règne animal[5].

Du point de vue des valeurs humaines, le Cirque traditionnel avec animaux est tout aussi incontestablement l’école de la liberté, de la créativité, de l’audace, du travail, du courage, de la persévérance, de la beauté, du dépassement de soi, de la performance artistique honnête, du respect d’autrui, de l’amour et du soutien familial.

Il est également sanctuaire « d’humanisme », enceinte étoilée d’égalité, de fraternité, de communion interpersonnelle et/ou intergénérationnelle bienveillante.

Autour du cercle enchanté, du fait de sa nature géométrique unique si singulière, ne règnent en effet, ni droite, ni gauche, ni idéologie laïque ou religieuse, ni origine, ni couleur, ni nationalité, ni statut, ni condition sociale !

€

Hélas pour son avenir et sa pérennité, deux funestes maux, l’un endogène, l’autre exogène, convergeaient sournoisement sous la chaussée de ses itinéraires, le sable de ses places et la sciure de ses pistes, minant insidieusement, lentement mais sûrement, années après années depuis près d’un demi-siècle, ses solides fondations ancestrales !

Ces deux affections létales dont le Cirque traditionnel avec animaux mourra assurément avant la fin du premier quart de ce 21ème siècle, ont pour origine, d’une part, le manque de raison et de clairvoyance des «circassiens» (ou dénommés tels) eux-mêmes, et d’autre part, l’activisme, voire « le terrorisme » animaliste exponentiellement croissant, vénéré, appuyé,  par une certaine classe politique « allumée » bienpensante.

Sur la première cause : le manque de raison et de clairvoyance des «circassiens» (ou dénommés tels) eux-mêmes…

Plusieurs facteurs se sont négativement inopportunément cumulés…

  • Le manque de sérieux de certaines grandes enseignes historiques, aux noms portés par des familles banquistes illustres, dont les programmes, années après années, banalisés, sans panache, qualitativement dégradés ou volontairement tronqués par cupidité dans certaines localités[6], n’ont répondu ni à leurs promesses, ni aux éternelles attentes d’émerveillement et de rêve du fidèle public du Cirque traditionnel avec animaux.
  • L’irruption sur les routes et dans les villes, d’affairistes du spectacle sans scrupules, usurpant ou se réclamant sans vergogne de « circassiennes » origines, gérant industriellement de multiples enseignes (la plupart du temps louées), totalement irrespectueux du public, des artistes et des animaux, uniquement mus par l’appât d’un gain facile à court terme, prêts à tout moment, à « mettre les voiles » et/ou changer de genre, sans autre état d’âme, qu’un sentiment immodéré pour le profit quelles qu’en soient l’origine et la moralité.
  • La prolifération de petits établissements ou les animaux issus de la faune sauvage ne servent que d’appât pour les « gadgés »[7], aux chapiteaux luisants, aux convois rutilants hérissés de multiples klaxon-trompes, éblouissants de chromes, aux sonorisations tonitruantes émettrices d’annonces extraordinaires… tenus par des « rabouins », présentant en famille, à grand renfort de superlatifs, de très faibles numéros stéréotypés, le plus souvent exécutés par des enfants (ex. hula-hoop – corde lisse – cerceau aérien – contorsions…), associés à des « clowneries » vulgaires et à des déballages de matériels magiques ringards, prestations à la limite du débinage, dignes des plus pitoyables amateurs ; le tout donné sous une lumière blafarde, en costumes et fards « felliniens », accompagné de morceaux de musiques nasillards inappropriés, annoncé et commenté dans un jargon « voyageur » par un speaker en jean et tee-shirt…
  • La multiplication des enseignes « Z.… » au seul prénom différenciant, nourrissant depuis près de 30 ans leur bailleurs(eresses)[8], lesquels se succèdent l’été sur les plages de nos côtes à quelques semaines d’intervalle, proposant des programmes à géométries et qualités variables au sein desquels fleurissent et prospèrent sous toutes les formes et disciplines de la piste, d’innombrables descendances et/ou collatéralités usurpées de l’illustre auguste.

On y présente, parfois de bonne manière, des fauves, des chevaux, des exotiques, des reptiles, mais ces trop nombreux « Cirques » dont les familles exploitantes du nom « Z… » ne méconnaissent pourtant pas la règlementation en matière de bien-être animal, en justifient systématiquement la non-application sous de multiples et fallacieux prétextes (ex. la présence d’une cage de détente « leurre » montée a minima pour les fauves, mais non reliée par tunnel à leur remorque de transport… du fait, selon les interprétations… d’une durée de présence insuffisante sur la place… ou d’une nature de sol inappropriée… ???).

Au sein même du microcosme « circassien », hors quelques brillantes et notables exceptions[9] à promouvoir et applaudir chaleureusement (mais malheureusement pour elles, généralement assimilées au reste par les « antis »), toutes ces inconduites, tous ces dérapages, tout ce manque de rigueur et d’intégrité, tout ce mépris vis-à-vis du public ont été « pain béni » pour les opposants aux spectacles de Cirque avec animaux, leur offrant ainsi sur un plateau d’argent l’occasion rêvée de manifester publiquement violemment, de s’opposer politiquement et de communiquer activement dans des médias avides de sujets sulfureux, populistes, malodorants !

Sur la seconde cause : l’activisme, voire « le terrorisme » animaliste exponentiellement croissant, vénéré, appuyé par une certaine classe politique « allumée » bienpensante…

Trois phénomènes ont convergé et se sont insidieusement conjugués…

  1. [10]
  • Cette doctrine dont le nom est récent (George Orwell – La ferme des Animaux – 1945) n’a rien de nouveau. Ses origines remontent en effet au 9ème ou 10ème siècle avant J.C, avec le « Jaïnisme » [11], religion prônant la non-violence à l’égard des animaux et de façon pure et dure, l’alimentation végétarienne. Majoritairement pratiquée en Inde, peu répandue en occident, cette confession y est restée historiquement anecdotique.

Ce n’est qu’à partir du 17ème siècle, qu’à l’Ouest, le politique s’est emparé du bien-être des animaux, d’abord avec les premières lois annonciatrices des mouvements anti-cruauté dans les pays anglo-saxons (Irlande, États-Unis…).

Puis au début du 19ème siècle, la Grande-Bretagne sera la première nation à légiférer sur la protection des animaux dans tous les domaines (traitement du bétail, combats d’animaux, expérimentation animale, captivité des animaux sauvages…).

C’est également au Royaume Uni que naîtront les Sociétés Protectrices des Animaux, la S.P.A française voyant le jour en 1846 pour être reconnue d’utilité publique en 1860.

L’Allemagne hitlérienne promulguera quant à elle plusieurs lois mémorables concernant les droits des animaux et la protection de la nature (loi sur la protection et l’abattage des animaux en avril et novembre 1933)[12].

Ressuscités de nos jours du fait de la désintégration de la civilisation occidentale[13] les mouvements humanistes-animalistes[14], végan, antispécistes réapparaissent, s’activent, s’internationalisent, se manifestent avec violence, mènent opportunément en toutes occasions de multiples actions-commando assimilables au « terrorisme », solidement soutenus en cela, intellectuellement, mais avant tout financièrement, par des lobbies politico-industriels ayant parfaitement identifié le colossal gisement de profit lié à une potentielle substitution des protéines animales par des protéines végétales dans l’alimentation humaine.

Évidemment, les « circassiens », cible privilégiée, n’ont pas échappé à la « traque » acharnée de ces mouvements extrémistes, avec volonté affichée ethnocidaire.

Creuset de désordre, de violences, de déstabilisation, d’anarchie, de fracture sociétale… mèche incandescente cheminant vers la « sainte barbe » nationale, aux accents révolutionnaires…

  • Depuis une trentaine d’années, dans un mouvement ascensionnel exponentiel, au nom du « bien » et/ou de « dogmes » autoproclamés, des groupuscules divers et variés s’emparent de l’intérêt général, en lui imposant par l’agression et la véhémence, leurs « vérités » doctrinales[15].

Les pouvoirs successifs, quelles qu’aient été leurs origines sur l’échiquier politique, au nom de la démocratie, de la « liberté d’expression », de la pluralité idéologique… mais aussi il faut bien l’avouer, du traditionnel sempiternel mercantilisme électoral… se sont quasi-systématiquement soumis à cette nouvelle dictature intellectuelle, voire s’en sont scandaleusement servi comme « marqueur » politique.[16]

Les « anti-tout » font recette !

Quel que soient les sujets, l’État « angélique » capitule[17] invariablement ; la Justice « catéchisée » justifie, pardonne et rend grâce ; les médias « idéologisés » se gargarisent et se « goinfrent ».

Il s’agit là pourtant, d’une atteinte insupportable, intolérable aux libertés fondamentales des peuples, d’un accaparement arbitraire haineux du bien collectif, d’une forme de « stalinisme » rampant.

Cette « dictature » florissante de minorités activistes, véritable « tumeur » métastatique de nos démocraties, admise, vécue avec asthénie et/ou lâcheté par cette majorité silencieuse démissionnaire qui se soumet régulièrement aux agressions sociales, notamment par peur de représailles, de pertes d’avoir et/ou crainte d’inconfort économico-social, s’est évidemment manifestée pour peser violemment sur le débat politico-technocratique visant à interdire, au motif de « maltraitance animale », le Cirque itinérant avec animaux issus de la faune sauvage ou non.

  • Le « boboïsme »…
  • Dans les années 1900, le Cirque MEDRANO, un des plus beaux des quatre Cirques stables de la capitale, illustré par nombre de peintres (Renoir – Toulouse-Lautrec – Dufy – Degas…), était la coqueluche du « tout Paris ».

A la mode jusqu’après-guerre, on put y rencontrer des poètes (Jean COCTEAU), des sportifs (Marcel CERDAN), des artistes (Edith PIAF), des gens de lettre, de théâtre, des marchands d’art.… bref : toute l’intelligentsia parisienne.

Les plus grands clowns et artistes visuels du moment s’y produisaient (les Fratellini – Grock – Foottit et Chocolat – Rhum – Pipo – Achille Zavatta – Rastelli – Barbette – Buster Keaton – les Clérans – Vojtech Trubka…).

« On ne quittait pas MEDRANO ; on pouvait s’y rendre trois et même quatre fois par semaine » selon Fernande OLIVIER, la compagne de Picasso.

Mais les années d’après-guerre (1950 à nos jours) virent non seulement décliner l’intérêt des intellectuels et des classes politiques dirigeantes successives pour le Cirque, mais aussi pour tous les spectacles populaires et/ou légers (théâtre dit « de boulevard » – cinéma comique – opérettes – représentations de magie et d’illusion – émissions de télévision grand public…), ces « grands esprits allumés fumeux » leur préférant des productions absconses, indéchiffrables par le commun des mortels et abysallement subventionnées par les deniers publics, car non-viables eu égard au nombre de leurs spectateurs.

Non reconnu par les « cultureux » de tous bords et les « intellos » d’arrière-salles peuplant les ministères, le Cirque itinérant avec animaux issus de la faune sauvage ou non, fort cependant de près de 14 millions de spectateurs par an, se vit petit à petit abandonné, discriminé, puis relégué au rang de « genre mineure à faire disparaître », enfin définitivement pointé et abattu par le législateur en 2021, à l’initiative de la ministre de la transition écologique du gouvernement Castex, sous le premier mandat du Président Macron.

L’animalisme activiste doctrinaire, béni et politiquement soutenu par des « bobos » parisiens tenants de la pensée unique, eu raison de l’une des plus populaires institutions de spectacle traditionnel en France : le CIRQUE traditionnel avec animaux.

€

Comme toujours, les « drames » sociétaux ne naissent pas la veille pour se produire le lendemain ; il n’ont généralement pas non plus, qu’une seule et même origine.

Ils résultent la plupart du temps (le « GénoCirque » en est un vivant exemple), d’un alignement de planètes prévisible inobservé, issu de la convergence imperceptible, lente mais inexorable de plusieurs facteurs, mortifères lorsqu’il sont combinés…

Dans le cas d’espèce, ces éléments ont été…

1 – Le syndrome des certitudes et le sentiment d’invulnérabilité des acteurs.

2 – Une irréversible évolution sociétale née d’une pensée « toquée », hétérodoxe devenue prédominante.

C’est ainsi que le microcosme « circassien » outre ses postures figées et sa cécité à l’égard du monde alentour, n’a jamais pris la mesure des conséquences prévisibles de l’application du programme politique du président Macron en matière de respect du bien-être animal, en prolongement de la loi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature, fondant en France la logique de l’état pour la protection des animaux[18].

Dans son « patchwork » majoritaire à l’assemblée nationale, soucieux de séduire l’électorat écologiste radical et de s’assurer de son soutien bienveillant, n’étant pas, par ailleurs, en capacité technico-économico-sociale de satisfaire, ni son programme de dénucléarisation, ni ses exigences climatiques, ni ses appels au retour à une agriculture non productiviste, ni ses revendications pour la suppression de la chasse à pied ou à courre et de la corrida… le président de la république lui a consenti en gage, sans aucun risque électoral, par la composition machiavélique d’une équipe politique et opérationnelle au ministère de la transition écologique, acquise et dévouée à ses causes, les conditions d’un abject pogrom : l’extermination du Cirque traditionnel avec animaux issus de la faune sauvage ou non.

L’exercice fût facile, sans risque et avec résultat assuré…

En effet…

  • Personne en France ne pouvait raisonnablement afficher une volonté de maltraitance des animaux en répondant « non » à la question : « êtes-vous pour le bien-être des animaux ? ».[19] On en déduira d’ailleurs mensongèrement que 70% de la population interrogée à ce sujet aurait été favorable à la suppression des animaux dans les spectacles.
  • Le Cirque constituait une « vitrine » spectaculaire, visible, lisible et connue du fait de sa présence territoriale immémoriale.
  • Les rares manquements aux règlementations sur la détention d’animaux en captivité, ou les fausses nouvelles érigées comme vraies à cet égard, étaient facilement et habilement mettables en scène par des prédicateurs activistes-animalistes notoires et naturellement aisément relayables en boucle avec volonté avérée de nuire, par des journalistes idéologiquement acquis à leur cause, sur les réseaux sociaux et les chaînes d’information en continue, aux heures de grande écoute.
  • De nombreux artistes, comédiens, personnalités publiques, voire « résidus ou rebuts » de l’écran, de la scène et/ou du cabaret, en mal d’espace médiatique, de tribune et de notoriété collaboreraient sans peine en se saisissant avec délectation et empressement de la cause animale comme moyen d’existence devant micros et caméras accueillants.
  • Le monde « circassien » serait à l’évidence d’un poids électoral nul.

En raison de l’hétérogénéité de sa composition, les intérêts des uns et des autres s’avéreraient rapidement divergents voire radicalement opposés. De ce fait, sa représentation professionnelle, ni structurée, ni unie, constituerait une réelle aubaine pour le pouvoir.

De tradition orale, ses « dires » pouvaient être présentés et commentés à l’aune d’une circonspection ancestrale vis-à-vis d’interlocuteurs non-initiés, de la démesure coutumière des « voyageurs » et d’aménagements traditionnels dans l’expression de la vérité.

Le niveau d’instruction générale de ses acteurs (pour certains toujours double-actifs : à la fois forains, chineurs, camelots… et banquistes) y demeurait encore faible et ses connaissances hors métier limitées.

A l’exception des grandes enseignes itinérantes devenues malheureusement très rares dans le pays, la gestion financière de ses établissements, approximative et le plus souvent opaque, ne permettrait pas de justifier comptablement et fiscalement de préjudices élevés.

Enfin, sans insignes états d’âme, pour des raisons économiques d’existence aisément avouées nonobstant leurs déclarations et gesticulations de circonstances, les trois ou quatre « géants » du métier avaient déjà capitulé, négocié et engagé leur reconversion dans un genre plus proche du spectacle de variété, du music’hall, de la revue à grand spectacle ou de la comédie musicale, que du Cirque traditionnel avec animaux issus de la faune sauvage préalablement pratiqué par leurs ascendances.

Toutes les conditions étaient donc réunies dans les mains expertes de la prêtresse exécutrice spécifiquement dédiée à cette tâche, telle Némésis[20] (Madame Barbara Pompili), pour faire commodément d’un « GénoCirque » une victoire doctrinale et un marqueur politique fort aux yeux d’un électorat tendanciellement « intellectuello-écolo-gauchiste ».

Les procédés les plus scandaleux[21], dignes des pratiques courantes des régimes totalitaires, ont été utilisés par la ministre et ses dévoués suppôts, pour aboutir à la hâte, au vote de cette loi scélérate n° 2021-1539 du 30 novembre 2021, tout autant imméritée, infondée, que discrétionnaire et ségrégationniste à l’égard du peuple « circassien », « visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes », laissant à supposer au citoyen lambda, que le Cirque traditionnel avec animaux issus de la faune sauvage ou non, en serait l’archétype… alors même qu’il démontre au quotidien depuis la nuit des temps, face aux yeux émerveillés de tous ses spectateurs, la connivence fusionnelle heureuse des espèces humaines et animales…

  • Procédure accélérée.
  • Refus systématique du sacro-saint principe du contradictoire.
  • Absence de concertation équitable avec les parties prenantes.
  • Rapports techniques partiaux ou tronqués.
  • Refus de prise en compte d’études éthologiques aux conclusions opposées à celles produites par la technocratie ministérielle.  
  • Usage de travaux pseudo-scientifiques émanant de pays aux traditions circassiennes et règlementations spécifiques inexistantes.
  • Changements opportunistes d’arguments selon les circonstances.[22]
  • Anticipatrices, intempestives et fausses déclarations publiques.
  • Affichage idéologique non dissimulé avec les tenants de l’animalisme, du véganisme et de l’antispécisme.
  • Promesses non tenues…

Rien n’a été omis dans l’arsenal des procédés déloyaux, iniques, amoraux, de basse politique pour aboutir à la solution finale : « l’extermination » du Cirque traditionnel avec animaux issus de la faune sauvage ou non ! ».    

La peine de mort pour les femmes et les hommes a été abolie en France le 9 octobre 1981, mais étonnamment, elle subsiste toujours dans ce pays pour d’autres genres, espèces ou modèles économiques.

Non sauvée par la grâce « jupitérienne », les condamnés furent exécutée le 30 novembre 2021, par la lame impitoyable de la « veuve » qui s’est donc abattue brutalement sur les établissement de Cirque avec animaux issus de la faune sauvage ou non, sur leurs propriétaires et leurs artistes éleveurs-éducateurs-soigneurs, mais aussi… et c’est là l’incroyable paradoxe, sur leurs « bêtes » comme ils les appellent… puisque, comme le plus souvent en matière « politique », le pouvoir inconséquent n’a rien prévu pour accueillir et offrir le même bien-être qu’actuellement, aux quelques mille fauves, pachydermes, primates, camélidés et autres animaux-artistes de France, devenus subitement orphelins par la bêtise des hommes… et désormais pupilles de la nation… sauf peut-être, par défaut, et ce serait un comble, l’ordonnancement de leur euthanasie…[23]

« La bêtise est infiniment plus fascinante que l’intelligence, infiniment plus profonde. L’intelligence a des limites, la bêtise n’en a pas… »

Claude Chabrol

s


[1] Paul Henwood, dit Adrian, (28 octobre 19191-18 août 20132). Influencé par son père, journaliste hippique, créateur de la revue La Vie hippique (qui a cessé de paraître en 1940), Paul Adrian s’intéresse au Cirque, d’abord par la voie de l’équitation (il écrira plus tard Le Cirque commence à cheval), puis en apprécie toutes les disciplines. Bibliothécaire dans le « civil », cet ami du Cirque en devient très vite un référent, initialement comme historiographe puis en tant qu’historien du Cirque (« la mémoire du Cirque », dit-on dans le milieu circassien).

Créateur du journal Scènes et Pistes avec l’illusionniste Carrington, il y collabore de nombreuses années et écrit également de nombreux articles dans d’autres revues de music-hall et de Cirque. Dès 1957, il entreprend de publier des ouvrages consacrés à son hobby, avec la collaboration de son épouse Paulette Geneviève Adrian (disparue en 2008). Source Wikipédia.

[2] Parmi les plus célèbres ménageries foraines de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle, il y avait celles des Pezon, Bidel, Pianet, mais aussi celles de Redenbach, Laurent, Marcel, Georges Marck, Chartier, et celle de Darius avec sa dresseuse vedette, la belle Betturica, Vancraeynest avec le célèbre Professeur Lambert et le dompteur Jackson… Source Interforain.

[3] Jules Léotard (1838-1870). Pour la petite histoire, le maillot de travail qu’il portait alors en piste, devint le nom générique historique du vêtement : « le léotard ».

[4] C’est à Stuttgart en décembre 2013 que Han Ho Sung (Coréen) a tourné le premier quintuple de l’histoire d’un trapèze partant de très haut vers un porteur en ballant.

[5] L’Homme appartient au règne animal : c’est un organisme pluricellulaire. Source Maxicours

[6] On a vu localement des numéros supprimés des programmes pour réduire le coût des plateaux d’artistes ou bien encore, pour de fausses bonnes raisons (ex. animaux malades… alors que leur présentatrice – la fille du patron – n’avait tout simplement pas envie ce soir-là, de paraître en piste…).

[7] « gadgés » signifie paysan en langage manouche.

[8] Achille ZAVATTA est parti en 1993.

[9] Les Cirques Arlette Gruss, AMAR & La Piste aux Etoiles (famille Falk), Royal Kerwich, Bouglione fixe et itinérant, le Cirque de Venise et Franco-Italien (Famille Beautour), Zavatta (famille Prein)…

[10] L’animalisme est un courant de l’éthique qui s’appuie sur les avancées de l’éthologie et qui défend les droits des animaux. Ce courant soutient que les animaux non humains sont des êtres sensibles capables de souffrir, et par-là même dignes de considération morale de la part des êtres humains.

L’animalisme conteste la confusion entre l’« agence » et la « patience » morales : ce n’est pas parce qu’un animal n’est pas agent moral, responsable de ses actes, qu’il n’a pas de droits, qu’il n’est pas patient moral et que les agents moraux sont dispensés de devoirs envers lui. (Source Wikipédia)

[11] 7 millions de pratiquants dans le monde.

[12] Décisions politiques totalement paradoxales à la lumière des exactions de la Shoah (la mise à mort de près de 6 millions de Juifs d’Europe par l’Allemagne nazie et ses collaborateurs pendant la période de la Seconde Guerre mondiale).

[13] Le monde occidental présente à l’heure actuelle tous les symptômes d’une crise identitaire profonde dont il ne semble pas conscient. Ses symptômes se manifestent notamment par la tension entre la surdimension de sa posture (ou son discours) de civilisation universelle et la centralité de sa crispation identitaire, son rapport au monde réduit à la marchandisation, à la sécurisation et à l’humanitarisation, son malaise et mal-être face à la diversité culturelle, ethnique et religieuse. (Source Revue Internationale et Stratégique – Crise identitaire du monde occidental – Doudou DIENE – 2009)

[14] Le juriste et philosophe américain Gary Francione en distingue deux types : les animalistes qui veulent améliorer le bien-être des animaux (welfarists) et ceux qui veulent abolir toute exploitation des animaux (abolitionists).

[15] Natacha POLONY a publié avec Jean-Michel QUATREPOINT un livre (Délivrez-nous du bien) dénonçant la tyrannie de minorités de plus en plus autoritaires. La culpabilisation qu’elles exercent menace selon elle les libertés démocratiques.

[16] Exemple probant avec la loi « anti-Cirque » sur la soi-disant maltraitance animale. (LOI n° 2021-1539 du 30 novembre 2021).

[17] Voire le scandale du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

[18] L’article 9 de la loi est ainsi rédigé : « Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce. »

[19] Pourtant notre pays est champion d’Europe des abandons d’animaux domestiques (100.000 par an dont 60.000 l’été).

[20] Némésis est une déesse de la mythologie grecque mais aussi un concept : celui de la juste colère (des dieux) et du châtiment céleste. Elle est également la déesse de la vengeance. Son courroux s’abat en particulier sur les humains coupables d’hybris (démesure, mégalomanie). Elle est ainsi parfois assimilée, à la fois, à la vengeance et à l’équilibre. La Némésis est aussi interprétée comme étant un message de mort envoyé par les dieux comme punition.(Source Wikipédia)

[21] Source SFCACS (Syndicat Français des Capacitaires d’Animaux de Cirque et de Spectacle) – Interlocuteur des ministères de la transition écologique, de la culture et de l’économie et des finances.

[22] La soi-disant maltraitance serait due à la seule itinérance des établissements détenteurs d’animaux et non plus à leur présentation en spectacles.

[23] Rien n’a été prévu non plus pour compenser financièrement les multiples préjudices subis par les « Circassiens » et leurs « capacitaires » animaliers, en application de la jurisprudence « Lafleurette » (arrêt du Conseil d’État – 14 janvier 1938) selon laquelle l’État doit réparer les préjudices qui résultent de l’application d’une loi.

Leave a Reply

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.